Plume d’Éveil, De l’amour

Comment la question pourrait-elle être réglée autrement qu’en la jetant par-dessus son épaule ? (Sourire).

C’est pour moi une question vaine. Comment puis-je être certain que ce que je sens au fond de moi est « l’amour » ? Comment puis-je le mesurer ? Cet amour doit-il être comme un objet parfait que rien ne peut altérer ?

Comme tu dis « au fond de moi je sais l’amour… ». Mais mes pensées, mes actes ne sont pas toujours en accord avec cet « amour », je crois que c’est naturel. Car qu’est-ce que l’amour ? Le don de soi ? Certes alors le don de soi est naturel et bon, et qu’est-ce que le non-amour ? La préservation de soi qui est une fermeture à l’autre ?

Alors certes la fermeture et le non-amour sont naturels et bons.

La vie est faite d’instants contradictoires qui se nient les uns les autres.

Et ce visage de la vie ne me fait pas peur, ni ne me gène.

L’amour ne sait qu’être sincère, il ne faut pas le questionner, il ne sait trahir. Mais le temps qu’on lui accorde pour fleurir, pour s’épanouir, est toujours bien trop court.

Quand on est dans le temps de l’amour, il n’y a que l’amour. L’instant d’après dans quel temps sommes-nous ?

Est-ce cela qui te pousse à chercher la qualité de la sincérité ? Je crois que nous sommes toujours sincères, dans les meilleures actions comme dans les pires. Nous le sommes moins peut-être quand notre esprit voudrait se trouver à la plage un jour de tempête, ou quand il dit : mais pourquoi ai-je fait cela ??? Je voulais tant l’aimer !!!

Soyons sincères en saisissant les instants dont nous sommes faits comme le maçon qui prend sa brique posée sur le tas derrière lui, sans lui donner un regard, parce qu’il sait que quelle que soit sa forme ou sa couleur, elle est destinée à faire partie du mur qu’il monte. Tous nos instants multicolores, faits d’amour, des amours et des haines, sont les briques qui nous composent, qui composent la vie, telle que je la vois sur cette planète.

Est-ce à dire que je ne regarde pas de quoi je suis fait ?

Moins j’accepte ce dont je suis fait, et plus cela « me » résiste, cela résistera à chacune de mes tentatives de changer telle ou telle brique.

Plus je me cognerai à ce mur et plus les briques seront solidaires les unes des autres, plus le ciment jettera ses étincelles sous mes coups.

Mais si j’accepte, si j’aime, ce n’est plus moi que j’aime ou accepte, mais la vie toute entière que j’embrasse, et voilà que mon propre mur devient mou, souple, voilà que je peux influer sur sa forme, le sculpter, sortir un visage neuf.

De la souffrance, fin du chapitre

Haine ou amour ?

La question a fait son chemin

Elle est descendue dans les profondeurs

Là, où tout se cache farouchement

Et pourtant crie si fort

En une plainte sans fin.

*

Comme un mal lancinant

qui ronge tout de l’intérieur

Qui porte tant de noms

Mais qu’on ignore

Ne pouvant le découvrir

Dans sa globalité.

*

Il parle d’espoir

Alors que l’on tient tant

A sa désespérance

Il parle d’amitié

Alors que l’on ne veut surtout

Pas aimer.

*

Il est le doute

Qui grandit au cœur du plus beau

Sournois, tapi dans l’ombre

Étouffant la vie même

Disant que si, que non

Emplissant tout l’espace.

*

Le voir

Le voici furoncle putréfié

Le nôtre, celui du monde

Le voir dans toute sa réalité

Et là, enfin, décider

De vivre.