Plume d’Éveil, Du chemin (13)

– L’autre jour tu rappelais que nous nous sommes éloignés des « éveillés » comme Jésus, pour ne pas avoir à se mettre au travail.

Non seulement nous avons voulu croire, que l’éveil ne concerne que quelques êtres hors norme, mais aussi que cela se passe comme une sorte de miracle. Une transformation définitive de la personne.

Je pense que cela est faux.

Et pourtant dans l’absolu, c’est vrai, il suffit d’un instant. Mais aussi tout au long de la vie.

Comprends-tu ?

*


– Qu’est-ce que je dois comprendre au juste ?

*


– Je dis que la travail n’est jamais fini.

*


– Encore une drôle d’évidence, lorsqu’on connaît l’éveil pour la première fois, on met quelques minutes avant de se rendormir.

La seconde fois quelques minutes de plus et lorsque ça fait quelques années qu’on connaît l’éveil, on met une heure avant de re-sombrer.

*


– Alors que les enseignements disent que l’éveil est quelque chose de définitif et aussi ça l’est, c’est comme un paradoxe.

Mais la plupart d’entre nous en passons par ces mensonges, et cela fait désespérance, attente de quelque chose qui n’est pas.

*


– L’éveil, c’est l’attention, rien de plus, et pour vivre seulement du point de vue biologique, un maximum d’attention est requis, pour rester dans une conscience élargie, un autre maximum d’attention est requis.

Ceux qui se maintiennent dans une voie d’éveil ne font que redoubler d’attention toute leur vie.

*


– Le point de vue biologique ? Le fonctionnement du corps ?

*


– Oui.

*


– Cette attention échappe totalement au petit mental ?

Ou bien parles-tu aussi de nos comportements liés à la nourriture, à tout ce qui nous permet de rester en vie ?

*


– Aussi.

*


– Oui, l’attention est donc ce que je nomme travail et cela est éveil de chaque instant.




			

Plume d’Eveil – De la perception (fin du chapitre)

Tressaillement de l’âme

Dans les lueurs irisées

Prise au piège de son doux rêve

 

Papillon déconcerté

Par le goût, le toucher

Ne plus rien reconnaître

Et ce qui ne se connaît pas

Qu’aucun sens ne peut répertorier…

Les synapses s’affolent

 

S’ouvrir encore,

Plonger en cette vue profonde

Mourir et naître

 

A chaque instant, ce jeu-là se fait

Un court instant que nous ne percevons pas

Parfois…

 

Impossible à dire si cela a duré

Si quelque chose de la personne

A investi ce mystère de la vie

 

Alors, le voile en un chant murmuré

Vibre doucement l’air, là devant les yeux

Devant cette âme plus sage, plus posée.