Plume d’Eveil – De la perception (7)

– Illusion ? Qu’est-ce qu’une illusion ? Quelque chose que l’on croît être et qui n’est pas. Es-tu d’accord avec cette définition ?

 

– Oui, mais aussi la forme que nos sens perçoivent des choses, ce qui est mental comme une idée, une croyance. Ce qui est mental à l’origine, comme une sensation. Ce qui est mental, comme le fonctionnement des sens. L’illusion est ce que notre mental sait produire.

 

– Si tu sais cela que tu vois n’est pas le réel en tant que tel, si tu sais que ta perception est erronée parce que partielle, es-tu dans l’illusion ?

Je dis que non, tu n’es plus dans l’illusion. Tu sais que cela n’est pas la réalité, et que tu ne pourras jamais voir cette réalité.

Tu vois juste, bien que par nature dans l’erreur.

 

– Certes l’illusion est moins dense si tu sais qu’elle est, mais comme tu ne peux pas faire autrement que de te servir de l’illusion que la vie t’accorde à défaut « d’autre chose », et cet « autre chose » que serait-il ?

J’aimerais pouvoir te décrire avec des mots, l’état d’esprit qui est le mien face à ce paradoxe insurmontable. En fait, j’ai cessé de vouloir le surmonter.

Tout pour moi est illusion, parce que rien ne pourra être jamais comme je voudrais le croire, mais cela ne pose aucun problème. C’est le « deal » que la vie nous propose, et maintenant que j’en perçois un peu les finesses, cet état des choses me comble de félicité.

Je souhaite que tu saisisses un jour cela, parce que je te vois dans une bataille sur cette question, j’aimerai pouvoir t’assurer qu’il n’y a lieu d’aucune bataille.

Mais mes mots ne le peuvent pas encore.

 

– Parlons de notre relation, peu importe le temps qui la fait, mes errances, tes concessions, admettons-là dans ce qu’elle est là, en ce moment. N’est-elle pas illusoire, porteuse d’illusion et donc de mensonges ?

Voilà, c’est ça pour moi, une illusion consentie est un mensonge. Si je te dis que je suis touchée par tes mots, par ta voix, et que ceci comme tout le restant est illusoire, je te mens en te disant ceci. Nous nous berçons alors de douces et amères chimères. Mais dis-tu, cela fait partie du tout.

Misère ! Je me hais, je te hais, je hais la terre entière ! Comment puis-je écrire ces mots ? Ce ne sont que des mots porteurs d’illusion, l’illusion que je pourrais me couper de tout.

 

– As-tu songé qu’illusion ne signifie ni « chimère », ni « mensonge » ? Elle n’est pas le contraire de « vérité », et que c’est notre volonté seule qui revêt de ces « caractères » les instants réels d’amour, de partage, d’écoute ?

Nos instants sont réels, même s’il réside en eux beaucoup d’illusoire. Ils sont réels.

Et l’amitié que je vis avec toi dans cet « instant relié » est toute aussi réelle que le sang qui coule dans mes veines. Si je me mens à moi-même en disant « je t’aime », je me mens encore quand je dis entendre battre mon cœur. Et qu’entends-je réellement de mon cœur qui bat ? Tout ? Certainement pas ! Mais je m’en fiche, je sais qu’il bat, comme je sais que j’aime, même si j’ignore beaucoup de cet amour que j’ai voulu en moi.

 

Plume d’Éveil – De la croyance (3)

– Je vois là, en ces moments décisifs, le nécessaire abandon de toute quête.

Ceci n’est-il pas le mouvement de la vie, en nous ?

Nous, appelés à dépasser tous les anciens modèles, et, à oser vivre sans en créer de nouveaux.

Voir cela peut vraiment soulager d’un grand fardeau, mais prendre cela comme modèle mène au désespoir…

 

– L’abandon de toute quête oui, parce que cet abandon est le signe d’une compréhension, celle que toute quête est illusoire.

Quête de soi ? Mais ne sommes-nous pas déjà ?

Quête de compréhension de ce que nous sommes ? Cela nous empêcherait de nous laisser être spontanément.

Quête de l’autre ? Ce serait omettre tous les autres, et surtout que tous sont en nous.

Quête du bonheur ? Quand c’est volonté d’escargot de troquer sa coquille contre celle de la tortue.

Quête de sens ? Alors chassons l’incohérence qui nous hante.

Dépasser les anciens modèles ? Quand se dépasser soi-même ne nous mène qu’à la réalisation que l’on s’est simplement atteint. Je crois que l’on ne peut rien dépasser, qu’on ne peut qu’arriver à voir la hauteur qui est nôtre.

Oser vivre sans en créer de nouveaux ? Alors vivre sans vouloir les créer parce que vivre se suffit à lui-même pour transformer toute ancienneté en nouveauté.

 

Plume d’Éveil – De la violence (3)

– La petite fille ne connaissait pas la violence, elle était pleine d’illusions. Par exemple, elle croyait que les adultes étaient des êtres de perfection et d’amour, avant même d’entendre parler de l’histoire de Jésus. Et l’amour, elle savait ce qu’était l’amour, et ne le découvrait en aucune relation !

Cette graine de violence en soi, je la vois naître des interactions au contact des pairs. Comment comprendre cette anomalie ?

 

– Oui, j’ai vécu cela comme toi, je tiens à ce que tu le saches, tout ce que tu as ressenti petite fille, je le ressentais pareillement.

Cette anomalie est le signe qui pointe la direction du chemin, nous sommes les enfants de la croisade, comme sans doute il y en a toujours eu à chaque génération, peut-être plus conscients chaque fois, nous sommes de ces enfants, et mes yeux sont ravis de voir certains de la génération qui suit.