Plume d’Éveil, De l’instant (2)

– Cet art Ron, tu peux m’en dire plus ?

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– L’art de traquer est l’art de l’improvisation absolue.

Un traqueur ne considère jamais qu’il sait quelque chose, il ne s’appuie sur aucune définition.

Il a intégré l’état où rien ne cherche à s’affirmer comme une certitude, produisant ainsi la plus grande disponibilité possible et si j’accorde une définition à un objet, celle-ci ne peut résister qu’un instant, l’instant de servir.

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– Mais sans un minimum de certitudes, qui serais-je pour moi-même ?

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– Je ne peux me fondre dans une certitude, c’est-à-dire que tout ce que je peux comprendre d’une chose n’a de sens que dans cet instant.

L’instant suivant je suis déjà un autre, l’objet me suit dans mes mues, alors que les définitions de par nature veulent être rigides et prendre racines.

Quand l’esprit est face à l’expérience, pendant un quart de seconde, il saisit la futilité des définitions qui nous privent de la simplicité de ce contact avec nous-mêmes, dans l’instant présent.

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– Donc si je me base sur l’instant, l’idée de ma personne que devient-elle ?

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– T’es là ? Je crois que j’y suis mais, si ça se trouve ce n’est pas moi.

Alors je me demande qui c’est …

Et quand j’en ai assez de me le demander, je me rends compte qu’il n’y a personne en fait.

Ce sont les mots qui sont ainsi et justement c’est ce que je veux démontrer. Mais si…. les mots endossent tous les sens que je leur prête… alors derrière moi ce miroir dans lequel je ne saurais voir qu’un reflet du passé.

Du guerrier et de la conscience (11)

– L’impeccabilité c’est surtout un moyen de disposer de toute l’énergie libérée par l’absence de ressentiments tels que le remord, le doute.

 

– Alors, il s’agit de vivre dans l’instant présent, il n’y a que lui qui permette cette intensité de vie ! Mais que cherchaient donc à atteindre les samouraïs et autres guerriers ? Là, où il y a voie, code, c’est bien que l’on veuille arriver quelque part, non ?

 

– J’espère que tout bon guerrier recherche la permanence de la paix au bout de son chemin.

 

– Mais la connaissance profonde de l’être qui échappe à l’esprit ? Peut-on entrer consciemment dans cette connaissance ?

 

– Il ne s’agit pas là de se « connaître soi » par l’inventaire des informations accumulées durant notre histoire.

C’est pourquoi je dis « dans l’instant », toute autre connaissance de « soi » qui n’est pas de l’instant ne peut (selon moi) être que la connaissance de « l’ego ». Or l’ego n’est pas soi, il est un discours aléatoire d’un « moi » qui se mord la queue.

Se connaître dans l’instant est la seule chose que je puisse espérer accomplir, se connaître dans l’instant passé est totalement inutile et encombrant, se connaître plus tard est une chose impossible.

Se connaître dans l’instant, c’est se sentir, se toucher de dedans, sans dialogue, dans le silence, comme parfois nous savons le faire dans des moments rares d’extase, lorsqu’un soleil rouge et géant se pose sur une mer brûlée orange et que la magie nous aspire, le soleil, la mer et nous, l’espace d’un instant ne faisons qu’un.

Le rêve Michelle, est-il une action consciente, que l’on s’en souvienne ou non ? Le rêve ne nous parle-t-il pas d’autres mondes en nous ?

Des mondes cachés. Certes le rêve est saisi par la main de l’esprit lorsqu’il émerge des eaux sombres, et celle-ci lui apporte des retouches à sa convenance, camouflant de cette façon un message subtil.

Les forces sont séparées par le dialogue interne permanent, plus le dialogue est dense et puissant, plus les forces sont tenues éloignées l’une de l’autre.

Mais c’est une image ce que je dis là, en réalité la distance n’existe que pour le côté qui abrite la « raison » (mot global bien entendu).

Le plan de la connaissance du corps est en relation étroite avec celle de l’esprit, c’est seulement l’esprit, c’est seulement l’esprit qui a besoin d’ignorer toute autre source de connaissance. il en ignore même les voix qui viennent frapper contre sa porte.