Du guerrier et de la conscience (20)

Je m’intéresse en ce moment à des écrits de physiciens… Ce qu’ils découvrent rejoint ce dont tu témoignes, en même temps cela apporte un autre éclairage.

Oui, lequel ?

Ils arrivent par un autre chemin, celui de la pensée cartésienne et certains sont infiniment troublés par leurs découvertes… c’est un monde qui s’écroule en eux.

En toi et en ceux qui voient, il n’y a pas de réaction, mais la paix…

Sur quels thèmes as-tu trouvé de similitudes avec ce que je dis ?

(Sourire)…, ils découvrent la limitation du langage et des concepts qui ne fournissent plus aucune information et même deviennent des obstacles.

Que la matière est énergie et conscience.

Oui.

Qu’il n’y a pas de partie définissable, mais un réseau de relations incluant l’observateur humain, une trame dynamique d’évènements reliés dans laquelle toute partie détermine la structure de l’ensemble.

En fait l’observateur ne peut plus être considéré en tant qu’élément séparé, il est d’un univers de participation.

Ainsi ce que révèle la connaissance directe, est, en une certaine mesure, « observable « … Cela te surprend-il ?

Ça veut dire quoi « observable par la science  » ? Que les scientifiques ont des yeux tout autour de la tête ?

(Rires)…, qu’ils découvrent par le biais de l’analyse intellectuelle, utilisant des connaissances, les mathématiques, la physique, etc.

Nous avons tous un cerveau semblable.

Je me sers aussi de l’analyse, des maths et de la physique.

Tu as l’air de penser que c’est de la divination.

Le cerveau est avant tout un calculateur.

Autrement dit, tout, absolument tout ce qu’il produit, est mathématique et analyses. Absolument tout, même chez les cerveaux embués ce sont encore des calculs, faux souvent chez les « idiots » mais des calculs quand même.

Tout ce que tu peux nommer sentiment ou sensation, idée ou savoir, intuition ou certitude.

Tout est le résultat d’un calcul effectué plus ou moins bien par ton cerveau.

Alors qu’elle est la différence entre un « chemin spirituel » et un « chemin scientifique » ?

Aucune en principe ! Ce sont les habits que l’on décide d’endosser qui peuvent changer.

L’humilité est un habit par exemple. Certains scientifiques n’en ont pas, mais c’est pareil chez les « spirituels ».

C’est la même chose pour tous les autres habits.

La seul différence résiderait donc dans l’intention ?

Non, l’intention de certains scientifiques est de loin préférable à certain « spirituels » et vice-versa… (Sourire)

Je ne disais pas que l’intention des scientifiques est moins louable. Je disais que scientifique ou pas, tout est dans l’intention !

(Rires), cela dépend du sens de ce mot, je dirais que tout est dans l’inflexibilité, donc la rigueur, ces mots sont synonymes.

La rigueur ? Mais on peut avoir de la rigueur et ne chercher qu’à s’enrichir, à avoir plus de pouvoir !

Tu n’entends pas ce mot »rigueur » comme je l’entends. Chez toi ce mot déclenche des processus de défense, visiblement, tu crois avoir fait l’expérience de la rigueur mais c’était autre chose.

Plus on est rigoureux dans sa recherche ou son application, plus on est patient et tendre avec les autres.

Plus on est rigoureux, à la façon d’un guerrier, et non d’un homme ordinaire, plus on sait la compassion pour autrui.

L’intention… pourquoi ce mots ne va pas dans ce contexte ?

Ce n’est pas qu’il ne va pas… il est trop abstrait. Cette explication présente se veut des plus concrètes. S’il y a un mot dont je peux douter qu’il soit entendu, c’est bien celui-là. Nous avons échangé plusieurs fois sur ce terme, et il est évident que nous ne l’entendons pas encore de la même oreille.

L’intention ?

Oui.

Je crois que nous l’entendons pareillement, pourquoi dis-tu ça ?

Au bout de plusieurs vies, l’intention ne cesserait d’évoluer dans nos compréhensions. Si toi tu es sûre que nous l’entendons de la même façon…

Il n’y a pas deux personnes au monde qui l’entendent pareillement.

Donc nous n’entendons pas l’intention de la même oreille et comment cela se fait-il que nous puissions entendre le mot rigueur plus sûrement de la même oreille ?

Je viens de te le dire…

Le mot « intention » est le plus abstrait des mots, parce qu’il implique une part du monde absolument abstraite.

Et comme chacun de nous a une relation personnelle et intime avec la part abstraite du monde, que chacun de nous vit une chose unique au sein de cette relation, ce que notre esprit est en mesure de conceptualiser de son expérience propre a un caractère unique.

Le fait de dire que l’intention est tout à la fois, le fait de s’accorder sur cette acceptation ne permet pas de considérer que nous avons la même conceptualisation justement parce que ‘l’intention est tout à la fois.

Même si ce que j’en pense est le contraire de ce qu’en pense mon voisin, ce qu’en pense mon voisin n’est pas très éloigné de ce que j’en pense.

Du guerrier et de la conscience (7)

La voie du Samouraï ou le Rônin

– Qu’est-ce que les intentions cachées ?

Comment les pensées peuvent-elles prendre appui sur l’air ?

 

– Il faut rappeler que ces mots ont été « prononcés » en référence à des conditions de combat au sabre, cependant le sens profond que je leur accorde reste valide dans tout autre contexte, autant pour le lion qui épie sa proie que pour un homme qui se déplace dans les couloirs du métro.

Les intentions de l’autre nous sont cachées dans tous les cas, je pense qu’elles le sont aussi pour son esprit, même s’il en fournit une expression ferme et claire. Je crois que nous n’avons conscience que de petits bouts de nos réelles et profondes intentions.

Cependant nous ne pouvons les dissimuler correctement, parce que nos intentions s’expriment en liberté quels que soient nos efforts intellectuels.

Elles sont sensibles par l’intermédiaire de l’énergie qui les anime. C’est ce que mon image sur « l’air fouetté » par les intentions voulait signifier. Lorsque je dis que nos intentions s’appuient sur l’air, bien entendu je veux dire qu’une énergie subtile se dégage de tous nos mouvements internes, comme se dégage le parfum d’une fleur.

Ce parfum voyage sur l’air, il entre en nous par nos voies respiratoires, c’est un phénomène subtil pour ma perception. J’insinue donc que d’une manière similaire, il est possible de connaître la nature de ces messages qui échappent d’ordinaire aux sens de vue ou de l’ouïe.

Plume d’Éveil – Des mots (9)

– Ce message envoyé, j’ ai eu la sensation que ce qui s’ouvrait, pouvait tout aussi bien se fermer à nouveau, et que cela dépend de ce qui se dit maintenant en moi.

Que l’important, ce ne sont pas les démonstrations que les mots permettent, mais bien ce qui met en action.

L’intention ?

 

– Oui, peut-être mais une intention profonde, qui n’est pas évidente à entendre lorsqu’il y a beaucoup de bruits.

Une intention qui précède mais surtout accompagne et ferme la marche.

 

– Je vois là, aussi, que souvent je ne t’ai pas écouté, que je n’étais pas en mesure de le faire.

Ai-je déjà fait ce constat ? En quoi cela est-il nouveau ? Là je le touche du bout du doigt, cela est concret, physique…

 

– Sans doute oui, ce constat tu l’as fait.

Nous ne touchons jamais la statue la première fois, nous ne faisons jamais l’amour la première fois, chaque chose se touche sans cesse pour que la connaissance, la compréhension croisse, en des milliers de contacts, des milliers de regards, et lorsqu’on est sûr d’avoir caressé mille fois toutes les surfaces, alors quelque chose de notre essence commence à pénétrer en dessous la peau de pierre ou de bronze, pénétrer jusqu’au cœur de la forme, jusqu’au cœur du cœur, à l’infini.