Du guerrier et de la conscience (29)

La rigueur

Au début se cabrer

Puis de moins en moins

Mais encore un peu.

 

Refuser de croire

Qu’elle nous veut du bien.

 

L’accueillir

Comme une fille des rues

Qui porte en son ventre

Toute la misère du monde.

 

Se cacher

Se raconter que non

Se trouver un tas de prétexte

Pour ne pas avoir à faire à elle.

 

Et puis elle devient notre meilleure alliée.

Du guerrier et de la conscience (28)

Plume et vent peuvent se battre, se résister. C’est ce que nous faisons tous, et ça ne mène nulle part.

Plume et vent peuvent se marier et découvrir que plume est vent, et que vent est plume, ainsi « l’intention » de l’un se poursuit dans « l’intention » de l’autre.

Il n’est plus correct de dire que la plume est portée d’une façon passive. Le monde fait le vivant et le vivant fait le monde.

Dans quelle conscience ? Telle est la question. La conscience guide « l’intention ».

Quand nous vivons une expérience intense, celle-ci choque notre être, le choc prend forme d’émotion. Cette émotion va s’imprimer dans des circuits et des tissus qui ont pour charge de la mémoriser afin de cristalliser une « connaissance utile », c’est une des lois de la survie qui permet cela. Cela signifie qu’une trace active sera chargée dans certaines de nos cellules jusque dans l’ADN si nécessaire.

Ainsi notre être est en changement, dans cette vie et dans les informations qu’il transmettra aux vies qui naîtront de nous.

Cette évolution est constatable à l’échelle d’une vie, et dans l’observation de nos enfants nés de notre jeunesse et ceux nés plus tard. Ils suivent dans leur caractère et tempérament le cours de nos changements.

Du guerrier et de la conscience (27)

– C’est difficile d’exprimer ce qui se cache encore, cela parle de comprendre enfin cette histoire de décider tout en étant feuille au vent. Avec ce possible qui se dessine doucement, la question du désir, de la pulsion, du besoin…

Alors je viens te demander de me dire à nouveau ce que tu vis à ce niveau-là : le désir qui n’est plus, les pulsions qui disparaissent, la transformation qui s’inscrit dans les cellules.

Mais que reste-t-il ?

Tu ne sembles pas vivre sans sensations, tu es doux et caressant, quel est ce champ qui s’ouvre là ?

J’entrevois comme une libération, le corps qui respire librement, des vibrations qui s’étendent partout, en et sur le corps, est-ce cela ?

 

– Mon attention m’a porté à faire un travail sur cela, voilà ce que je peux t’en dire à ce jour.

La production hormonale a été réduite, ce qui implique physiologiquement une réduction progressive de l’activité sexuelle. Le besoin a diminué jusqu’à presque disparaître, parce que la reprise de l’activité des glandes reste toujours possible. Dans mon cas je la maintiens au plus bas de son seuil.

La relation qui persiste est purement affective, le manque n’existe plus. Cela nous a permis de vivre dans une plus grande douceur les uns avec les autres, la violence qui habite ces instincts de reproduction et de possession s’est retrouvée sans appui et nous préférons mille fois vivre cette relation d’aujourd’hui, elle nous rend une liberté perdue, une indépendance.

Il ne s’agit pas là d’une abstinence forcée, pas de frustrations, l’attention portée sur cette recherche s’est étalée sur des années. Et c’est en douceur et dans le respect des rythmes de chacun que cela s’est établie.

Tu parles de douceur, la douceur a grandi en nous parce que nous avons fait face à tout ce qui pouvait l’empêcher.

Je ne conseille pas cette exploration à tout le monde, parce que c’est un voyage qui ne peut se faire qu’au sein d’une entreprise plus vaste.

Les besoins sont en effet liés à la survie, mais combien de besoins sont-ils devenus de simples routines psychologiques pour ne pas dire des « pathologies » ?

Notre vie et nos choix en étaient-ils simplifiés ? Non ? C’est pourquoi nous avons décidé de reprendre les bases de notre relation. Notre projet, notre défi est grand. Nous n’aurions pas pu avancer si nous n’avions pas choisi de changer en nous une quantité de choses. Chacun dans sa violence innée ou acquise qui le caractérise se serait jeté à la tête de l’autre, et cela malgré les sentiments, ou surtout à cause des sentiments.

C’est pour cette raison que je n’accepte pas bien qu’on nie la faculté de l’homme de changer et de diriger ce changement.

Il n’y a rien qui ait été perdu, tout est là sans gouverner, et tout est victoire qui sert la paix. Bien sûr que les sensations sont là, au contraire même, elles sont vives et claires, parce que les ordres du cerveau reptilien ne perturbent plus.

Comment je considère cette recherche ?

J’ai fait de mon corps un laboratoire qui analyse la « violence », lorsque je pense trouver un moyen d’effacer le germe de la violence, je l’applique sur moi, et j’observe, si je peux constater que les effets servent mon objectif je le poursuis, si j’ai des effets contraires, j’abandonne.

Du guerrier et de la conscience (26)

– C’est venu se dire, et dans le même temps ce constat, que quelque chose depuis toujours donne une direction à cette vie. Quelque chose qui fait pouvoir de décision.

Mais je perds le contact avec cette force, comme un oubli… et alors je me prends la tête avec ce ce qu’il faut faire. L’oubli n’est que parce qu’on voit mal, c’est sûr.

Alors je te demandais de me montrer un peu, le lien entre tout ça. Je sais les causes de l’empêchement, enfin celles liées à la personne, à la vie dans ce monde, mais aussi… je me dis : « Est-ce possible que cela soit vraiment ? »

Parce que si cela est vraiment, c’est incroyable !

Même dans les rêves les plus fous, on n’ose pas imaginer une chose pareille.

En toi, Ron, cela se manifeste comment, est-ce aussi présent que ça ?

Aussi vivant que ça ?

 

– Qu’en penses-tu ?

 

– Ben je crois que oui, sans idéaliser cette fois, peut-être que parfois… dans la fatigue ça parle moins fort ?

 

– Oui, c’est comme si chaque matin, mais en fait plusieurs fois par jour, le monde était tout nouveau pour moi.

 

– Comme quand on est petit, et que tout est si vivant ?

 

– Oui.

 

– Tu es émerveillé ?

 

– Oui.

 

– Et c’est ça qui donne forme à ce que tu fais, dans cette spontanéité, sans doute ?

 

– Sans doute, oui.

 

– Est-ce que cela a un lien avec ces moments de « connexion » avec le « lieu sans pitié » ?

 

– Oui, mais le « lieu sans pitié » c’est comme une dose d’héroïne, c’est puissant. Il n’y a pas besoin de s’y trouver pour être émerveillé du monde. Le « lieu sans pitié » est encore au-delà. Tu n’es pas émerveillé, tu es le monde…

 

– Écoute, j’ai remarqué que si je ne me rends pas suffisamment disponible à ces moments-là, j’oublie plus.

C’est souvent après ces « glissements hors du temps », que les choses se montrent sous un autre visage. Comme si en cela se passait quelque chose, dont je ne sais rien en vérité.

 

– Oui.

 

– On peut sentir les préoccupations, si on est attentif, mais pas le pourquoi.

Sans cette force de la rencontre, il n’y a pas assez d’énergie, j’ai vécu cela, je le sais.

 

– Oui.

 

– Crois-tu que tout cela soit déjà tissé, le temps de chercher, à attendre, et enfin la rencontre ? Le vois-tu ?

 

– Oui, je le pense. Pas de hasard.

 

– Alors c’est vraiment très beau ! Et cela nous fait infiniment petit.

 

– Oui, c’est ce que nous sommes.

 

– Et pourtant tant recevoir !

Du guerrier et de la conscience (25)

– Déjà, te dire une chose, concernant « voir en toi ».

Voir en toi, je crois que ça a fonctionné dès le début.

C’est ce qui a fait nos échanges si forts, si vivants.

Mais avant, je vivais ça, comme à sens unique, sans me rendre compte que cela est aussi voir en moi.

Je n’en dirai pas plus, je ne saurai pas, mais je le sens vraiment et tes mots permettent cela.

 

– C’est naturel…

 

– Oui, je n’en doute pas. De ce fait, cela libère de tout ce poids de l’attachement, de l’attente.

 

– Oui.

 

Du guerrier et de la conscience (24)

– La question de la responsabilité, ou autrement dit le « devoir » de répondre de ses actes est inévitable, ineffaçables. Dans tous les règnes de vie, le devoir de responsabilité est opérant.

C’est incontournable, quel que soit le niveau de conscience, parce qu’ on n’est pas perdu sur une île déserte tout simplement.

En fait même ce que je viens de dire est faux, ce devoir opère d’un individu à la famille ou l’espèce et d’un individu à lui-même. Il est impossible de l’extraire de chaque être vivant, serait-ce une fourmi.

 

– Oui, mais lorsque le niveau de conscience est plus élevé, l’acte lui-même, n’est-il pas en parfaite adéquation avec ce qui est, alors qu’à un niveau plus bas, la personne doit s’arrêter pour interroger ses actes ?

 

– Parfaite adéquation ?????? (Rires!!) Quelle idéaliste fais-tu !!!

 

– Oui, vouloir que ce soit parfait, en adéquation, avec je ne sais quoi, une idée que l’on se fait, je comprends ce que tu dis.

Alors faut-il renoncer à faire le mieux, non, n’est-ce-pas ? C’est juste au niveau du résultat ?

 

– Il faut s’efforcer de faire « le mieux » mais le « mieux » n’est pas le « parfait ». C’est le « mieux » d’un certain jour, d’un certain moment. Le « parfait » réel est inatteignable. Celui qui vit dans l’illusion de l’atteindre est dangereux pour tout le monde.

 

– Alors plus de conscience, dans ce cadre-là, c’est plus de renoncement à atteindre la perfection ? Oui, toujours moins de maîtrise.

 

– (Sourires) Diable que ça te dérange !! Non ?

 

– Non, pas vraiment, pas là, mais je suis encore dedans c’est certain. Il me faut sentir en ma chair et non pas le penser.

 

– Oui.

 

– Alors sentir, c’est ne pas savoir ce que l’on sent ?

 

– C’est voir les quelques grains de sable qui sont restés dans la main quand tu l’as serrée et fait s’échapper tous les autres sans mentir en disant qu’il n’y a plus rien dans ta main, refusant et niant le cadeau que te fait l’âme du monde.

 

– Comment ça refusant le cadeau que te fait l’âme du monde ? A quel moment ce refus ?

 

– Ben, c’est en pensant que tout le sable s’en est enfui, tu frottes tes mains laissant tomber les derniers grains, ceux qui sont restés accrochés à ta peau.

En regrettant tous les autres tu rejettes ceux-là, c’est ce que nous faisons tous à chaque instant.

Ma démarche ne cherche pas à atteindre ce que sont les choses. Ma démarche vise à ne plus chercher ce que sont les choses.

Du guerrier et de la conscience (23)

Le big-bang ne serait donc pas dû à la « conscience » ?

La conscience est intemporelle, on ne peut la dater.

C’est elle qui produit le temps.

Ton texte dans l’ensemble, m’a laissé une bonne impression.

La datation de la conscience m’a juste laissé perplexe.

L’idée de la dater suffit à me laisser perplexe.

 

Notre conscience,

La conscience du papillon,

De la fourmi

N’est pas la conscience de l’univers.

 

Du guerrier et de la conscience (22)

– Tu disais : « Il adopte ou rejette en conscience ce qui doit le toucher, il permet ou ne permet pas ». « Ce qui le touche »… là encore, dans la rue, « ce qui le touche » parle de sensiblerie, on se laisse attendrir, émouvoir, etc. Évidemment il n’est pas question de ça. Parles-tu de connexion ?

 

– De connexion ?

 

– Je ne sais pas, j’essaie de comprendre ce qu’est se laisser toucher pour un éveillé.

 

– C’est simple ! Quand tu vas faire ton marché, tu regardes les fruits, et tu choisis ceux qui te semblent bons pour ta santé, tu rejettes les autres. Nous faisons de même avec les fruits de l’esprit. Bien entendu, il faut avoir le discernement qui permet de voir les fruits qui sont bons de ceux qui ne le sont pas.

 

– Ce n’est pas la personne que tu rejettes mais ce avec quoi, elle vient à ce moment-là ?

 

– Oui.

 

Du guerrier et de la conscience (21)

– « De toute façon comme le moi ne peut représenter l’être la spontanéité n’existe pas ou d’une façon très relative » Ce sont tes mots.

J’aimerais approfondir, l’être ne s’exprime-t-il jamais sans l’intermédiaire du moi ? Lorsque l’esprit est silencieux par exemple ?

– L’être s’exprime de son côté, rarement le « moi » parle pour lui et lorsqu’il parle avec lui, c’est un signe de grande liberté.

– Que veux-tu dire l’être s’exprime de son côté ? On peut en être conscient ?

– Oui, on peut en être conscient.

– Sans que le moi intervienne ?

– Oui, le « moi » reste en parallèle. L’être s’exprime tout le temps, et le « moi » en est peu conscient. Notre attention est rarement portée sur « notre » être , ou sur les « autres » êtres. Nous ne concevons pas la vie ainsi, pour nous la communication ou l’expression concerne les personnes. Ce sont elles qui sont censées avoir quelque chose à dire, à se dire.

Mais rien ne peut empêcher l’être de s’exprimer parallèlement.

– Oui, tout passe par ce filtre, c’est vrai. Enfin dans la façon « normale » de vivre. Donc lorsque que l’on prend conscience de cet abus, de cette invasion, l’esprit devient plus silencieux et alors en conscience l’être peut se manifester, c’est ce que tu dis ? Le reste du temps, il le fait sans que nous en ayons conscience.

– Ce que je dis est simple, lorsque l’ego se regarde moins lui-même, il porte alors son attention sur l’être, c’est cela prendre conscience de l’autre, vois-tu ?

– Oui, je reformulais pour vérifier si j’ai bien compris tes mots, mais là pourquoi parles-tu de « l’autre » ?

– L’autre, parce que l’ego, tout ce qui n’est pas lui est autre.

– (Sourire)…, oui, il en est ainsi. Donc l’être lui paraîtra étranger à lui-même.

Peux-tu dire ce qu’est pour toi l’être ?

– La totalité de ce que nous sommes, dans le solide comme le subtil.

– L’ego perçoit le corps comme séparé de lui, c’est vrai.

 Le solide est le corps, et ses manifestations ? Au-delà du corps même, le monde ?

– Le « solide » est la matière quantifiable.

 Le « subtil » serait le « champ » qui met tous les éléments en relation.

 Les racines de l’être plongent dans l’infini.

– La conscience de l’être est la conscience de notre appartenance au tout ?

– Oui, tout fonctionne ainsi dans l’être par relation de conscience.

– Dans l’être, pas de moi et l’autre…

Alors cela est la fin de toutes les illusions, c’est le mouvement même du divin.

– La question des illusions ne se pose que pour le moi, la question des formes ne se pose pas ailleurs.

– Oui, tout ce que tu dis, peut-être entendu à différents niveaux, si c’est le moi qui s’en empare l’être est entendu « mon être » ce qui n’a aucun sens !

– Oui.

– J’ai relu des mots dans lesquels tu disais que « l’éveillé » est indépendant de toute influence.

– De toutes ?

– Ben, je pense oui, parce qu’il suffit qu’il en subisse une pour qu’il ne soit plus indépendant.

– Alors oui (Sourire).

– Je pense que tu parlais d’un état où le doute n’a pas sa place, ce doute qui fait la peur.

– Il ne s’agit pas de doute.

Mais si tu entends par « influences », l’effet de la volonté ou de la pensée ou d’autres choses venant des autres, de l’étranger, je peux te confirmer que oui.

Cependant, on peut élargir le champ de ce mot.

Ainsi, la lune exerce une influence.

Les saisons, les astres, le vent, le soleil, etc.

Et si je peux, plus ou moins modérer ces influences, agir sur elles, je ne peux pas prétendre pouvoir stopper ces influences-là. Être en vie, le rester, cela comprend également, pour ne pas dire surtout faire l’échange, négocier en permanence avec ces influences.

– Tu ne parlais certainement pas de ça, mais bien de l’influence de la pensée, la volonté d’autrui.

Qu’est-ce qui fait qu’il ne subit plus cette influence, sans pour autant être dans l’arrogance de celui qui pense détenir un pouvoir ?

– Le fait qu’il soit capable de voir clairement tout ce qui le touche. Il adopte ou rejette en conscience ce qui doit le toucher, il permet ou ne permet pas.

Le fait de voir accorde cela, et permettre une pensée ou une volonté de te toucher, c’est comme ouvrir la porte.

Tu ne subis pas la présence de tel que tu as invité à entrer chez toi.

– Tu parles là de discernement, et cela n’est pas jugement, ni rejet n’est-ce-pas ?

_ Pour admettre ou rejeter, le jugement est indispensable. Mais quel sens péjoratif attaches-tu encore à ce mot ? Juger est indispensable en toute chose.

– Je n’attache pas de sens péjoratif, dans le langage courant, le jugement a un sens détourné, c’est pourquoi je préfère utiliser le mot « discernement » qui n’a pas ce sens moraliste qu’on y attache.

– Le jugement n’a rien de moraliste, tu dois confondre avec la condamnation…

– Non, je ne confonds pas.

– Le jugement est la fonction première de toute raison.

– N’allons pas batailler pour un mot.

– Je ne bataille pas… Je te pousse à dépasser un point de raison sur lequel tu butes souvent. Ce n’est pas de notre faute si les gens détournent les mots et comme ils les détournent tous, nous ne pouvons opter pour la non-utilisation de ces mots.

– Tu redonnes à un mot son vrai sens, moi je sais comment il est entendu couramment.

– Peu importe le sens que la rue donne aux mots, entre toi et moi. Entre toi et tous les autres, force-toi à définitivement remettre les mots dans le bon sens. Car là est notre unique chance de salut.

– Je vais tenter de t’expliquer quelque chose, mais avant sache que j’entends ce que tu dis, et bien entendu si j’entends je suis d’accord. Pour autant, je suis à la lisière, et moi-même encore je suis concernée par ces modes de fonctionnement qui font que le mot « jugement » désigne du doigt, oui une sorte de condamnation de l’autre. Alors pas facilité sûrement, je cherche d’autres mots qui évitent que mon cerveau fasse l’amalgame et glisse sur la mauvaise pente, celle des habitudes.

Ceci dit, je peux faire l’effort et utiliser, là avec toi, ce mot (sourire).

Du guerrier et de la conscience (20)

Je m’intéresse en ce moment à des écrits de physiciens… Ce qu’ils découvrent rejoint ce dont tu témoignes, en même temps cela apporte un autre éclairage.

Oui, lequel ?

Ils arrivent par un autre chemin, celui de la pensée cartésienne et certains sont infiniment troublés par leurs découvertes… c’est un monde qui s’écroule en eux.

En toi et en ceux qui voient, il n’y a pas de réaction, mais la paix…

Sur quels thèmes as-tu trouvé de similitudes avec ce que je dis ?

(Sourire)…, ils découvrent la limitation du langage et des concepts qui ne fournissent plus aucune information et même deviennent des obstacles.

Que la matière est énergie et conscience.

Oui.

Qu’il n’y a pas de partie définissable, mais un réseau de relations incluant l’observateur humain, une trame dynamique d’évènements reliés dans laquelle toute partie détermine la structure de l’ensemble.

En fait l’observateur ne peut plus être considéré en tant qu’élément séparé, il est d’un univers de participation.

Ainsi ce que révèle la connaissance directe, est, en une certaine mesure, « observable « … Cela te surprend-il ?

Ça veut dire quoi « observable par la science  » ? Que les scientifiques ont des yeux tout autour de la tête ?

(Rires)…, qu’ils découvrent par le biais de l’analyse intellectuelle, utilisant des connaissances, les mathématiques, la physique, etc.

Nous avons tous un cerveau semblable.

Je me sers aussi de l’analyse, des maths et de la physique.

Tu as l’air de penser que c’est de la divination.

Le cerveau est avant tout un calculateur.

Autrement dit, tout, absolument tout ce qu’il produit, est mathématique et analyses. Absolument tout, même chez les cerveaux embués ce sont encore des calculs, faux souvent chez les « idiots » mais des calculs quand même.

Tout ce que tu peux nommer sentiment ou sensation, idée ou savoir, intuition ou certitude.

Tout est le résultat d’un calcul effectué plus ou moins bien par ton cerveau.

Alors qu’elle est la différence entre un « chemin spirituel » et un « chemin scientifique » ?

Aucune en principe ! Ce sont les habits que l’on décide d’endosser qui peuvent changer.

L’humilité est un habit par exemple. Certains scientifiques n’en ont pas, mais c’est pareil chez les « spirituels ».

C’est la même chose pour tous les autres habits.

La seul différence résiderait donc dans l’intention ?

Non, l’intention de certains scientifiques est de loin préférable à certain « spirituels » et vice-versa… (Sourire)

Je ne disais pas que l’intention des scientifiques est moins louable. Je disais que scientifique ou pas, tout est dans l’intention !

(Rires), cela dépend du sens de ce mot, je dirais que tout est dans l’inflexibilité, donc la rigueur, ces mots sont synonymes.

La rigueur ? Mais on peut avoir de la rigueur et ne chercher qu’à s’enrichir, à avoir plus de pouvoir !

Tu n’entends pas ce mot »rigueur » comme je l’entends. Chez toi ce mot déclenche des processus de défense, visiblement, tu crois avoir fait l’expérience de la rigueur mais c’était autre chose.

Plus on est rigoureux dans sa recherche ou son application, plus on est patient et tendre avec les autres.

Plus on est rigoureux, à la façon d’un guerrier, et non d’un homme ordinaire, plus on sait la compassion pour autrui.

L’intention… pourquoi ce mots ne va pas dans ce contexte ?

Ce n’est pas qu’il ne va pas… il est trop abstrait. Cette explication présente se veut des plus concrètes. S’il y a un mot dont je peux douter qu’il soit entendu, c’est bien celui-là. Nous avons échangé plusieurs fois sur ce terme, et il est évident que nous ne l’entendons pas encore de la même oreille.

L’intention ?

Oui.

Je crois que nous l’entendons pareillement, pourquoi dis-tu ça ?

Au bout de plusieurs vies, l’intention ne cesserait d’évoluer dans nos compréhensions. Si toi tu es sûre que nous l’entendons de la même façon…

Il n’y a pas deux personnes au monde qui l’entendent pareillement.

Donc nous n’entendons pas l’intention de la même oreille et comment cela se fait-il que nous puissions entendre le mot rigueur plus sûrement de la même oreille ?

Je viens de te le dire…

Le mot « intention » est le plus abstrait des mots, parce qu’il implique une part du monde absolument abstraite.

Et comme chacun de nous a une relation personnelle et intime avec la part abstraite du monde, que chacun de nous vit une chose unique au sein de cette relation, ce que notre esprit est en mesure de conceptualiser de son expérience propre a un caractère unique.

Le fait de dire que l’intention est tout à la fois, le fait de s’accorder sur cette acceptation ne permet pas de considérer que nous avons la même conceptualisation justement parce que ‘l’intention est tout à la fois.

Même si ce que j’en pense est le contraire de ce qu’en pense mon voisin, ce qu’en pense mon voisin n’est pas très éloigné de ce que j’en pense.