– A moins de se retirer dans la montagne, on est bien obligé d’agir dans ce monde, non ?
Tu le fais aussi, nous le faisons tous… alors pouvons-nous ne pas nous en préoccuper ? Tout est-il égal ?
– Non, rien n’est égal.
– Bien sûr qu’il en est ainsi, nous faisons donc des choix. Après avoir déblayé autant que faire se peut, il y a un moment où l’on décide de prendre une direction. Oui ou non ?
– Oui, et ensuite ?
– Je sens un risque à ne jamais se décider… a rester à ce niveau où l’on se dit que l’on ne sait pas… que l’on ne peut pas savoir… comme un état d’impuissance…
– Je ne vis pas cela. Tout le monde me voit comme un homme de décision. Un homme d’action.
– Je ne dis pas que tu vis les choses ainsi, et si je t’en parle c’est bien pour ça ! Qu’est-ce alors pour toi agir ? Tu décides et tu fais…
– Oui, le contraire de tourner en rond.
– Oui, parce qu’il n’y a pas de question pour toi. Pas de question, donc tu décides et tu fais. Et cette force vient-elle du fait qu’il n’y a pas de question ?
– Les questions sont faites pour ceux qui espèrent un savoir. Ils pensent qu’il est nécessaire de savoir pour vivre.
– Donc la force vient du fait de ne pas avoir besoin de savoir ?
– Voilà ! Et je dirai que c’est ceux qui n’en ont pas besoin qui en savent le plus. Mais ils ne savent pas forcément ce qu’ils savent.
Le monde se partage en deux : ceux qui comptent sur le savoir et ceux qui vivent en se fichant bien du savoir. Les mots comme « savoir » sont faits pour les imbéciles.
Vivre se suffit et comme il est vaniteux de croire que l’on peut percer les mystères du monde. Je vis en regardant toute chose comme importante. Ainsi, je respecte toute chose, j’honore toute chose. J’en prends soin en veillant bien de ni la corrompre, ni la posséder. Ainsi, je reste libre comme je laisse toute chose aussi libre que moi-même.
Donner la liberté à toute chose, c’est se donner la liberté. Il n’y a rien d’autre à faire, parce que cela emplit déjà bien la vie. Le reste est bavardage.
– Dirais-tu que ce que nous faisons là, est du bavardage ?
– Oui ! Oui parce que j’ai déjà fait ce discours une bonne vingtaine de fois pour toi. Au-delà de quatre fois, tout est bavardage pour moi… pour moi.
– Une chose peut-elle être du bavardage pour l’un et non pour l’autre ? Je crois que non !
– Là, tu es mieux placée que moi pour en juger. Mais j’aurai parié que pour toi, ce n’est pas du bavardage.
– Il me semble que la seule chose important, est ce qui se passe dans l’échange. Si l’on se place à ce niveau où pour toi c’est du bavardage et que pour moi cela n’en est pas, nous ne sommes pas en relation.
– C’est toi qui l’affirmes… Je n’ai pas la prétention de juger de la qualité de la relation, ni de savoir ce qu’elle sert précisément. Et mon sentiment, n’est que mon sentiment.
– Au fond les sentiments ne méritent pas d’être signifiés, c’est ça ?
– Au contraire, on doit les signifier puisque de toute façon, le corps les signifie sans censure. Mais on doit faire attention de ne pas prendre trop de décisions sur la base des sentiments.
– Oui, le corps signifie sans censure et chacun le sent dans son corps. Entendre à la fois ce que l’autre émet, ce qui se dit en soi…
– C’est vivre, le reste est bavardage !
– Alors nous avons échangé non pour la valeur du savoir, mais pour avoir osé se dire nos sentiments que nos corps disent si fort.
– Il te faut encore chercher à savoir pourquoi nous avons échangé ? (Sourire). Nous avons échangé pour vivre, le reste est bavardage.
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